« J’ai 24 ans » !
Sur la photo ci-contre, cela ne se voit pas et c’est pourtant ce qu’a affirmé Didier Debrand, adhérent de Phocal, alias Brandi, lors du vernissage de son exposition intitulée « L’ineffable légèreté de l’ÊTRE ». Mais le magnifique travail d’auteur qu’il nous a présenté a démontré, qu’effectivement, il avait 24 ans ; Que nous avions tous 24 ans !
Cela se passait vendredi 3 février, au sein de l’Ehpad Le hameau des Accates, en présence de Sabrina Agresti-Roubache, la députée des 11ème et 12ème arrondissement de Marseille.
Avant de passer la parole à l’auteur, qui se trouve être par ailleurs son père, Dorian Debrand a introduit le vernissage en déclarant : « En prenant le poste de directeur, j’ai découvert la richesse des histoires de vie des résidents et cette exposition, c’est à la fois de l’humanité et de la technique ».
Ne regardez pas ce que je suis devenu mais ce que je suis…
« Il existe en nous un être qui s’est cristallisé au cours de notre histoire personnelle et qui ne vieillit pas, contextualise ensuite Didier Debrand ; Il a la capacité de nous maintenir spirituellement dans un état de légèreté et de fraîcheur qui entretient la présence de ce que nous avons été et qui reste gravé au plus profond de chacun ».
C’est le sens profond de l’exposition : Ne pas regarder ce que nous sommes devenus, mais ce que nous sommes profondément et si l’écart entre les deux s’agrandit avec le temps, c’est seulement sur le ‘’devenir’’ que se voit la corrosion du temps qui passe.
Magnifiquement réalisée et mise en scène, l’exposition propose 34 parcours de vie, comme autant d’arrêts sur image. Chaque parcours est figé en 2 images : en bas, l’image de ce que le résident est devenu, et au-dessus, comme s’il s’agissait d’un phylactère, l’image, non pas d’un métier, ni d’un souvenir, mais de ce qu’il est resté au fond de lui. « Celui ou celle qui a été photographié peut ainsi proclamer qu’au-delà de ce que je suis devenu, me voici tel que je suis… C’est l’Ineffable légèreté de l’Être que je peux enfin révéler et présenter à ceux que j’aime, mais qu’il m’était devenu impossible de partager tant l’écart entre celui que je suis devenu et celui que je suis au plus profond, est excessif ».
Ainsi, la légende du ‘’diptyque’’ de Jacques, 85 ans, dit : « J’ai la vingtaine, je joue au foot à haut niveau, je serai professionnel ». Effectivement, Jacques nous indique qu’il a joué pendant 35 ans au Cercle Sportif Municipal de Marseille. Il était gardien de but. « Mais entre-temps, ajoute Didier Debrand, il a rencontré quelqu’un qui, finalement, lui a fait abandonner le foot et sa vie a complètement changé ; Mais dans sa tête, son épouse est toujours avec un footballeur ! »
Un travail de 3 ans…
Il aura fallu 3 ans, périodes Covid incluses, pour que Brandi mène son projet à son terme. « Tout le monde n’a pas accepté, explique-t-il ; Certains ne se voyaient pas prendre des positions un peu acrobatiques ou être exposés sur les réseaux sociaux ». Après un entretien préparation, il y a eu les prises de vues, « des séances de VIP, précise Didier Debrand, avec petits fours, boissons et musique. Il y avait du Bach, du Beethoven, de l’Yvette Horner mais aussi du Johnny Hallyday et AC DC » et de conclure sur ce point : « Ce furent des moments heureux ».
« Par ce travail, j’espère avoir apporté ma pierre à plus d’harmonie entre les générations en favorisant l’émergence d’un regard différent sur la vieillesse » déclare l’auteur qui souhaite que touché par ce témoignage, « grandisse entre les générations, une plus grande et constante bienveillance réciproque ».
Le travail d’auteur de Brandi est le résultat d’un parcours qui va mener ces photos aux quatre coins de France. Quelques expos sont prévues sur Marseille, dans les Alpes Maritimes, dans le Haut Var, en Région Parisienne… « mais je suis heureux car le premier déplacement de l’expo va se faire tout près d’ici, dans le Lycée Mélizan et cela va toucher des jeunes ». Didier Debrand indique qu’ils ont déjà commencé à venir voir l’exposition par groupes, « et c’est à chaque fois une expérience fantastique parce qu’on sent que ce sont des moments de découverte pour eux ».
A Marseille, on sait faire des choses…
Pour la députée des Bouches du Rhône, Sabrina Agresti-Roubache, cette exposition à un sens très profond : « On oublie trop souvent, moi qui ai été élevée par ma grand-mère, qu’on avait des grands-parents. Avec cette exposition, vous les avez amenés à ce qu’il y a de meilleurs » et d’assurer qu’à Marseille, « on sait faire des choses, on est très bon en matière d’humanité, de solidarité, d’amour, de fraternité et je crois que ce sont les valeurs qui nous manquent ».
[NDLR : Hier, c’était mon anniversaire ; Je suis né en 1952, mais j’ai 24 ans et je me revois sur une via alta, dans les Dolomites. Mon pas est sûr, la Tridentina qui mène à Pisciadù me nargue, mon sac est lourd… Merci Brandi. J’ai 24 ans].
Jusqu’au 17 février de 17h00 à 18h30
L’exposition est visible jusqu’au 17 février, de 17h00 à 18h30, salle Séminaire à l’Ehpad Le Hameau des Accates – 32 chemin de Saint Menet aux Accates 13011 Marseille [NDLR : Sonner au portail de l’Ehpad, dire que l’on vient pour l’expo puis se présenter à l’accueil]